
Gaza: les secours font état d'au moins 31 morts dans des tirs israéliens en marge de distributions d'aide

Au moins 31 personnes ont été tuées dimanche à Gaza par des tirs israéliens, selon la Défense civile, en marge de distributions d'aide dans le territoire palestinien où l'espoir d'une trêve se heurte toujours à l'absence d'accord entre Israël et le Hamas sur une proposition américaine.
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre 2023, Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin au conflit.
La situation humanitaire est désastreuse dans la bande de Gaza, où un blocus imposé par Israël de plus de deux mois et partiellement assoupli la semaine dernière a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité.
La Défense civile de la bande de Gaza a révisé à la hausse le bilan des tirs israéliens contre des personnes qui se dirigeaient vers un centre américain de distribution d'aide alimentaire dans le territoire palestinien, faisant état d'au moins 31 morts et plus de 176 blessés.
"Il y avait beaucoup de monde, c'était le chaos", et "l'armée a tiré depuis des drones et des chars", raconte à l'AFP Abdallah Barbakh, 58 ans. Il dit s'être rendu dans ce centre de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une société privée soutenue par Israël et les Etats-Unis.
- Paysage dévasté -
Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré qu'elle n'était "pas au courant de blessures causées par des tirs de l'armée israélienne sur le site de distribution d'aide humanitaire. L'affaire est toujours en cours d'examen", a-t-elle ajouté.
Des images de l'AFP montrent des habitants évacuant des morts sur une charrette tirée par un âne, et une foule compacte d'hommes, certains chargés de colis, s'en revenant du centre, dans un paysage désertique et dévasté.
Par ailleurs, M. Bassal a déclaré qu'une personne avait été tuée et que de nombreuses autres avaient été blessées par des tirs israéliens près d'un autre site d'aide humanitaire dans le centre de la bande de Gaza.
Seules des quantités limitées d'aide sont entrées à Gaza depuis l'allègement du blocus imposé par Israël. Selon le porte-parole du bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), la bande de Gaza est "l'endroit le plus affamé au monde", où "100% de la population est menacée de famine".
Près de 20 mois après le début de la guerre, les négociations en vue d'un cessez-le-feu et d'un accord pour la libération des otages retenus dans la bande de Gaza n'ont pas abouti depuis la reprise des combats à la mi-mars, à l'initiative d'Israël, après une trêve de deux mois.
Sur 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 57 restent retenues à Gaza, au moins 34 d'entre elles étant mortes, selon les autorités israéliennes.
Le Hamas a affirmé samedi avoir répondu "de manière positive" à une proposition américaine présentée cette semaine, mais l'émissaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a jugé cette réponse "complètement inacceptable", critiquant un retour en arrière.
Le Hamas "devrait accepter la proposition que nous avons présentée comme base pour des pourparlers", a-t-il affirmé sur la plateforme X, sans autre détail.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a lui aussi jugé que la réponse du Hamas faisait "reculer le processus".
- "Amendements" du Hamas -
Dimanche, un dirigeant du Hamas a reproché aux Américains d'être revenus sur ce qui avait été convenu précédemment.
"Nous avons exigé des amendements aux clauses qui ne garantissent pas la fin des massacres, qui n'assurent pas une aide humanitaire durable, le retour des personnes déplacées, ou qui n'imposent pas d'obligations claires à l'occupation (Israël, ndlr) de se retirer et d'arrêter la guerre", a déclaré ce responsable du Hamas, Mahmoud al-Mardawi.
"Ironiquement, les amendements que nous avons demandés sont identiques, mot pour mot, à ce qui avait été convenu avec le médiateur américain au cours des dernières semaines", a-t-il affirmé.
Fin mai, M. Netanyahu avait conditionné la fin de la guerre à l'"exil" du Hamas et au "désarmement" de la bande de Gaza, des exigences jusque-là rejetées par le mouvement palestinien qui y a pris le pouvoir en 2007.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
Plus de 54.418 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
V.Lipinski--GL