
Espagne: le gouvernement nie qu'une "expérimentation" ait provoqué la méga-panne

Le gouvernement espagnol a nié mercredi qu'une "quelconque expérimentation" sur le réseau espagnol ait pu provoquer la méga-panne électrique du 28 avril et dénoncé les "fausses informations" sur l'origine de la coupure, qui reste inconnue un mois tout juste après l'incident.
"Il est faux, totalement faux que le gouvernement ait mené une quelconque expérimentation" sur le réseau électrique avant la coupure, a assuré la ministre de l'Ecologie Sara Aagesen, interrogée au Parlement sur un article de presse mettant en cause l'action de l'exécutif en amont de la panne.
"Il n'est pas responsable de désigner des coupables alors que les causes de la panne sont toujours en cours d'identification" et "il n'est pas responsable non plus de dire que le gouvernement faisait des expériences", a-t-elle ajouté, en dénonçant des "fausses informations" et "manipulations".
Dans un article publié le 23 mai, le quotidien conservateur britannique The Telegraph a assuré, en citant des sources à Bruxelles, que les autorités espagnoles "menaient une expérience" sur le réseau électrique du pays lorsque la coupure a eu lieu.
L'objectif était de voir "jusqu'où elles pouvaient pousser la dépendance aux énergies renouvelables" en vue de la fermeture de deux réacteurs nucléaires en 2027 dans l'ouest du pays, première étape d'une sortie définitive du nucléaire prévue en 2035, a-t-il écrit.
Cette hypothèse a été également démentie mercredi par la présidente du gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, Beatriz Corredor, qui a assuré dans un entretien au quotidien catalan La Vanguardia que cette information était "totalement fausse".
Lors de la coupure du 28 avril, "il n'y a pas eu d'excès d'énergies renouvelables", et il n'y a pas eu non plus "de court-circuit, de surcharge" du réseau et "de cyberattaque", répète par ailleurs Mme Corredor, écartant une à une plusieurs pistes évoquées ces dernières semaines.
Dans cet entretien, cette ancienne députée socialiste pointe en revanche le rôle de certains producteurs d'"énergie conventionnelle", issue de centrales à gaz, nucléaires ou hydrauliques, accusés d'avoir eu ce jour-là "des paramètres de contrôle de la tension inférieurs à la norme".
"En d'autres termes, ce sont les énergies conventionnelles qui n'ont pas correctement contrôlé la tension", poursuit la responsable de REE, sans préciser si ce défaut de contrôle pourrait avoir joué un rôle dans l'effondrement du système électrique espagnol.
Dans un communiqué publié mardi soir, l'Association des entreprises d'énergie électrique espagnole (Aelec), auquel appartiennent notamment les géants Iberdrola et Endesa, a assuré que ses membres n'avaient "identifié aucun défaut dans leurs installations".
"Cela veut dire que les systèmes de protection ont fonctionné comme ils le devaient", a assuré l'Aelec, en pointant en revanche le manque de "transparence" des autorités. "Il faut que REE partage ses informations avec tous les acteurs impliqués", a-t-elle insisté.
Selon les autorités, deux fortes oscillations électriques ont été repérées dans les 30 minutes avant la panne. Elles ont été suivies de trois incidents distincts en l'espace de 20 secondes dans des sous-stations électriques de Grenade (sud), Badajoz (sud-ouest) et Séville (sud).
La cause exacte de ces incidents, qui ont privé d'électricité l'Espagne et le Portugal durant de longues heures, n'est elle toujours pas connue.
L.Sobczak--GL