
Pic de l'épisode de chaleur, impact possible sur le parc nucléaire dès lundi

Le pic de chaleur enregistré sur l'ouest de la France va se décaler vers l'est dimanche et pourrait peser dès le lendemain sur la production d'électricité du parc nucléaire, qui dépend des cours d'eau pour se refroidir, a prévenu EDF samedi.
Météo-France avait décrété pour samedi la vigilance orange "canicule" dans 16 départements, principalement dans l'ouest de la France, mais aussi en Isère et dans le Rhône. Malgré un retour très progressif de la fraîcheur par la Normandie et la Bretagne dans la soirée, les deux départements alpins restent en alerte orange dimanche.
Or "en raison des prévisions de températures élevées du Rhône (le fleuve, NDLR), des restrictions de production sont susceptibles d'affecter le parc de production nucléaire d'EDF à partir du lundi 23 juin, et plus particulièrement le site de Bugey", dans l'Ain, a expliqué EDF.
Le groupe électricien français avait déjà prévenu d'une telle éventualité, mais a avancé sa prévision de deux jours. Elle sera encore affinée à "J-1", a signalé le groupe.
L'activité des centrales nucléaires, qui pompent l'eau des cours d'eau adjacents - ou de la mer le cas échéant - pour leur refroidissement, avant de la rejeter plus chaude, est encadrée par des seuils d'échauffement et de débit pour protéger la faune et la flore.
Selon Météo-France, "samedi après-midi constitue le pic de l'épisode sur une grande moitié sud-ouest du pays (Ile-de-France incluse)", mais ce pic n'est attendu que dimanche sur la moitié est, avec 34°C à 37°C.
Si le rafraîchissement s'amorce par l'ouest dès samedi soir, onze départements de la zone restent en vigilance orange pour la journée de dimanche, en plus de l'Isère et du Rhône.
Il a aussi appelé les Français à s'hydrater et à modérer leur consommation d'alcool, particulièrement dans le cadre de la Fête de la musique.
Par précaution, divers événements sportifs ou culturels ont été annulés en raison de cette vague de chaleur, comme un concert prévu pour la Fête de la musique dans la cour du palais de justice de Tours, où Météo-France a relevé 36°C samedi.
La ministre chargée du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a de son côté souligné sur X l'importance d'adapter les conditions de travail à ces fortes chaleurs, rappelant aux employeurs leur obligation légale de garantir la sécurité des salariés.
Selon Yannick Neuder, près de 3.700 décès liés à la canicule ont été recensés l'an dernier.
- Piscines et îlots de fraîcheur -
Plusieurs villes ont décidé de laisser ouverts des parcs et jardins toute la nuit jusqu'à la fin de cet épisode précoce de chaleur pour permettre aux habitants de se rafraîchir, à l'instar de Tours ou de Rennes.
A Toulouse, la mairie a étendu les horaires d'ouverture de la piscine Nakache, un grand bassin ludique situé non loin du centre historique.
A Montpellier, sur une place du centre-ville, des dizaines d'enfants profitaient samedi d'un alignement de fontaines, îlot de fraîcheur inauguré en juin 2024 par la municipalité avec 70 jets accessibles sur 200 mètres de long. "Nous vivons en appartement, sans climatisation, les enfants sont très vite énervés", a témoigné Céline Cazalet, mère de deux enfants de 5 et 8 ans.
Selon le maire Michaël Delafosse, ces aménagements permettent de réduire la température de 2 à 7°C.
Dans la région de Bordeaux, beaucoup ont fui l'intérieur des terres pour se replier vers la côte, comme à Carcans (Gironde), à une cinquantaine de kilomètres et avec six ou sept degrés de moins samedi. "Dans la maison, c'est invivable. Ce matin, on est parti et il faisait 27 degrés après avoir passé la nuit porte ouverte", a expliqué à l'AFP Sébastien Droz-Vincent, livreur résidant à Parempuyre, au nord de Bordeaux.
- Incendies et ozone -
La chaleur renforce les risques de feux de forêt et un certain nombre de préfectures ont pris des décrets pour limiter la circulation dans les zones boisées, comme dans la Sarthe ou en Loire-Atlantique, ou pour interdire les feux d'artifice.
De nombreux départements avaient aussi émis des alertes concernant la pollution à l'ozone samedi dans toute la France.
C'est la 50e vague de chaleur recensée par Météo-France depuis 1947 et l'une des plus précoces.
"Vingt-cinq" épisodes de chaleur "ont été observés entre 1947 et 2010" puis "25 déjà entre 2011 et 2025", ce qui "montre bien l'accélération" de la fréquence sur fond de réchauffement climatique, a noté Lauriane Batté, climatologue de Météo-France.
burs-ban/er
G.Jozwiak--GL