
Enquête ouverte après l'abattage d'un olivier à la mémoire d'Ilan Halimi, indignation unanime

"C'est chercher à le tuer une deuxième fois". L'abattage à Epinay-sur-Seine d'un olivier planté en hommage à Ilan Halimi, jeune Juif torturé à mort en 2006, a fait réagir vendredi jusqu'au président Emmanuel Macron, alors qu'une enquête a été ouverte.
"Abattre l'arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c'est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n'en sera rien: la Nation n'oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine", a écrit sur X le chef de l'Etat.
A Epinay-sur-Seine, aux côtés du grand rabbin de France Haïm Korsia, le préfet de Seine-Saint-Denis Julien Charles a indiqué à l'AFP qu'une enquête avait été ouverte.
Le représentant de l'Etat a jugé "important" de se rendre là où l'olivier a été abattu "pour dire (...) que l'enquête aboutira, qu'on réussira à identifier l'auteur de ces faits, qu'il sera traduit devant la justice".
L'abattage a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi et a été constaté jeudi par des agents de l'établissement public territorial Plaine Commune, dont Epinay-sur-Seine fait partie. Le jour-même, le maire de cette ville d'un peu plus de 50.000 habitants déposait plainte pour dégradation de bien public.
"Je trouve émouvant que l'Etat, la mairie, les citoyens se mobilisent pour dire que ce n'est pas juste un arbre qui a été coupé, c'est une espérance qu'on a cherché à saboter", a réagi le grand rabbin de France Haïm Korsia, avant de prier devant la stèle avec d'autres membres de la communauté juive.
L'olivier avait été planté en 2011 au jardin d'Alcobendas de cette commune de Seine-Saint-Denis située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.
Vendredi, le tronc de l'olivier apparaissait sectionné juste au-dessus de la plaque commémorative portant le nom d'Ilan Halimi.
"L'arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l'oubli, a été fauché par la haine antisémite", avait réagi dans la matinée sur X le Premier ministre François Bayrou, tandis que le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi dénonçait auprès de l'AFP "une réaffirmation violente" de l'antisémitisme.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dit sur X éprouver "dégoût et colère".
Ilan Halimi, jeune Français juif de 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d'une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler le "gang des barbares", sous la direction de Youssouf Fofana.
Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures, à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l'hôpital un peu moins d'un mois plus tard.
Son calvaire avait suscité une vive émotion dans le pays.
- Arbre replanté -
Plusieurs autres responsables politiques ont exprimé vendredi sur X leur émotion, alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.
Eric Coquerel, député LFI de la circonscription, a dénoncé un acte antisémite "abject". A droite, Eric Ciotti, patron de l'UDR alliée au Rassemblement national, y voit "un abominable symbole de l'explosion de l'antisémitisme dans notre pays".
Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l'un portait sa photo, avaient été vandalisés et sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant au bord d'une voie ferrée.
D'autres arbres avaient été replantés. Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune, s'est aussi engagé à le faire à Epinay "dans les meilleurs délais".
Entre janvier et mai 2025, 504 actes antisémites ont été recensés, contre 662 sur la même période en 2024, soit une baisse de 24%, selon des chiffres diffusés début juillet par le ministère de l'Intérieur.
Ces faits restent toutefois en augmentation de 134% par rapport à janvier-mai 2023, avait précisé le ministère, qui souligne leur "niveau très élevé".
En 2024, 1.570 actes antisémites avaient été recensés en France.
P.Nowak--GL