Ukraine: nouvelles frappes russes sur Kiev et Odessa, trois morts
De nouvelles frappes nocturnes russes impliquant des centaines de drones ont fait mardi trois morts et plusieurs blessés à Kiev et Odessa, le président Volodymyr Zelensky appelant à une "action concrète" de ses alliés occidentaux face à Moscou.
Ces nouvelles attaques aériennes d'ampleur interviennent alors que les pourparlers de paix directs entre Russes et Ukrainiens, initiés en mai à Istanbul, sont dans l'impasse. Moscou avait promis des frappes de représailles après une série d'attaques ukrainiennes sur son sol, qui étaient elles-mêmes une réponse à l'invasion russe lancée en 2022.
Dans la nuit de lundi à mardi, la Russie a lancé sur l'Ukraine 315 drones explosifs, dont 213 ont été abattus par la défense antiaérienne, et sept missiles, tous neutralisés, selon l'armée de l'air ukrainienne.
Plusieurs régions du pays ont été touchées par ces frappes ou par la chute de débris de drones abattus, dont la ville portuaire d'Odessa, où deux personnes ont été tuées et neuf blessées, selon le gouverneur régional Oleg Kiper.
A Kiev, la capitale, des immeubles résidentiels et entrepôts ont été touchés et une femme a été tuée et quatre personnes blessées. Une journaliste de l'AFP a entendu au moins 12 explosions et des tirs de la défense anti-aérienne, ainsi que le bourdonnement d'une dizaine de drones.
L'armée russe a de son côté affirmé avoir ciblé l'industrie militaire ukrainienne et avoir notamment touché des usines fabriquant des missiles, des chars et des navires, ainsi que des aérodromes et dépôts de munitions et de carburant.
Et en Russie, dans la région frontalière de Belgorod, une personne a été tuée et quatre blessées dans une attaque de drone ukrainienne ayant détruit une supérette, a annoncé le gouverneur Viatcheslav Gladkov.
- "Contraindre la Russie" -
Après les frappes nocturnes russes, M. Zelensky jugé "vital" que la réponse "ne soit pas le silence du monde, mais une action concrète".
Il a appelé à "une action de l'Amérique, qui a le pouvoir de contraindre la Russie à la paix" et à "une action de l'Europe, qui n'a pas d'autre choix que d'être forte".
Le président américain Donald Trump s'est pourtant mis en retrait du conflit ces dernières semaines, ayant notamment comparé l'invasion russe de l'Ukraine lancée en 2022 à "des jeunes enfants qui se battent", sous-entendant qu'il pourrait laisser la guerre se poursuivre.
Les Européens de leur côté, après avoir menacé la Russie de nouvelles "sanctions massives" si celle-ci refusait un cessez-le-feu -- ce que Moscou a fait -- peinent à trouver une réponse sans le soutien de Washington.
Seule avancée concrète dans les négociations entre la Russie et l'Ukraine, les deux belligérants doivent poursuivre dans les prochains jours leur deuxième grand échange de prisonniers de guerre.
Les deux capitales n'ont pas précisé à ce stade le nombre de soldats impliqués dans cet échange, dont la première phase a eu lieu lundi. Il avait été décidé lors de pourparlers à Istanbul, le 2 juin.
Russes et Ukrainiens étaient alors convenus de libérer tous les prisonniers de guerre grièvement blessés ou malades et ceux âgés de moins de 25 ans.
- Remise de dépouilles -
L'incertitude demeure toutefois concernant l'échange entre Moscou et Kiev de milliers de corps de soldats tués, également décidé début juin à Istanbul. La Russie, qui a accepté de remettre 6.000 dépouilles à l'Ukraine, a indiqué attendre une confirmation de Kiev.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué mardi que des camions frigorifiques avec une partie des corps de soldats ukrainiens devant être remis attendaient "depuis plusieurs jours à la frontière" qu'un "accord définitif" soit trouvé.
Sur le terrain, les combats se poursuivent. Dimanche, l'armée russe avait affirmé être entrée dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk (centre-est), qui borde celles de Donetsk et de Zaporijjia déjà partiellement sous son contrôle, une première en plus de trois ans de conflit.
Les forces de Moscou, qui occupent environ 20% du territoire ukrainien, sont aussi à l'offensive dans la région de Soumy (nord), où elles se trouvent à une vingtaine de kilomètres de la capitale régionale.
Les négociations de paix sont, elles, dans l'impasse, alors que les deux camps campent sur leurs positions. Moscou a rejeté la trêve "inconditionnelle" voulue par Kiev et les Européens, tandis que l'Ukraine a qualifié d'"ultimatums" les demandes russes.
O.Kubiak--GL