
Tour d'Italie: Ayuso gagne, Bardet et Gaudu grimacent

Juan Ayuso a marqué son territoire vendredi sur le Tour d'Italie en remportant à Tagllacozzo la première étape de montagne qui a fait très mal à Romain Bardet et David Gaudu, bien amochés dans une chute commune.
En une fraction de seconde, le cyclisme français a peut-être perdu ses deux meilleures cartes pour le général lorsque Bardet, qui dispute son dernier Giro, et Gaudu, dont c'est le premier, sont allés au sol à une quarantaine de kilomètres du but dans une chute en apparence anodine.
Les deux coureurs ont été ramenés sur le peloton par leurs coéquipiers, au prix pour Gaudu d'un exercice de contre-la-montre par équipes par une Groupama-FDJ au grand complet.
Mais à l'arrivée de cette septième étape, ils accusaient le coup tous les deux.
"Je me suis bien heurté le genou. Il me tarde de mettre de la glace dessus. J'espère que ce n'est qu'un coup. Mais je sens que j'ai quelque chose dans la rotule qui me dérange", a expliqué Bardet, qui a coupé la ligne avec un retard de plus de cinq minutes sur le vainqueur.
"David est tombé devant moi. Je n'ai pas trop compris. Il est venu s'excuser. Comme 90% du temps, il y a de la tension pour rien dans le peloton et ça fait des écarts. C'est bête de tomber comme ça", a ajouté le grimpeur auvergnat, visiblement agacé.
Gaudu était, lui, au bord des larmes, totalement dépité après cette nouvelle chute, même s'il a réussi à finir l'étape en 25e position à 51 secondes d'Ayuso.
Le Breton était déjà tombé début février à cause d'un "animal errant", un chat en l'occurrence, puis sur les Strade Bianche et surtout à Tirreno-Adriatico où il s'est cassé la main gauche.
- "On voit le tendon !" -
"Je ne sais pas pourquoi ce sont toujours les mains qui prennent. Là c'est la main droite. On voit le tendon ! Ca fait chier, je ne sais pas quoi dire", a lâché le quatrième du Tour de France 2022, la main en sang.
"Un coureur a fait un écart devant moi, je touche la roue et je tombe. J'ai été concentré toute la journée, je fais la chute, je n'ai pas d'excuse", a-t-il ajouté avant d'être réconforté par son coéquipier luxembourgeois Kevin Geniets.
En attendant de savoir s'ils peuvent continuer la course, les deux Français, qui visent d'abord une étape sur ce Giro, semblent d'ores et déjà avoir perdu toutes leurs chances pour le général dont le Slovène Primoz Roglic a repris les commandes.
Mais le Slovène, principal favori de ce Giro, a souffert de la comparaison vendredi avec son plus grand rival, Juan Ayuso.
L'Espagnol a même remporté une victoire "à la Roglic" en attaquant à 600 mètres de l'arrivée pour s'imposer avec quatre secondes d'avance sur un petit groupe comprenant le Slovène.
"Je savais que je n'avais qu'une cartouche dans une pente raide comme ça et j'y suis allé à fond. C'est ma première victoire dans un grand Tour, je m'en rappellerai jusqu'à la fin de mes jours", a savouré le leader d'UAE, vainqueur devant son jeune coéquipier mexicain Isaac del Toro et le Colombien Egan Bernal.
Quatrième de l'étape, Roglic retrouve pour sa part le maillot rose de leader qu'il avait déjà porté pendant une journée sur ce Giro. Il détrône le Danois Mads Pedersen qui s'est logiquement relevé dès le pied de la dernière ascension vers Tagliacozzo, longue de 11,9 km.
"Je voulais gagner, je n'y suis pas arrivé mais ça reste une bonne journée. La bagarre continue", a commenté Roglic, toujours aussi détendu et qui compte quatre secondes d'avance sur Ayuso et neuf sur Del Toro au classement général.
U.Krajewski--GL