
24 Heures du Mans: Ferdinand Habsburg, un prince à la conquête de la couronne mancelle

Si l'Empire austro-hongrois existait encore, il en deviendrait le monarque: Ferdinand Habsburg est un héritier au profil atypique qui, loin du protocole, participera ce week-end aux 24 Heures du Mans avec l'envie d'inscrire son nom riche d'histoire au palmarès de la plus célèbre des courses auto.
Son titre: Prince impérial d'Autriche. Son job: pilote automobile. A 27 ans, l'arrière-petit-fils du dernier empereur d'Autriche et roi de Hongrie Charles 1er, surnommé "Ferdi" par ses coéquipiers chez Alpine, savoure: "L'objectif est de gagner, mais c'est aussi d'en profiter, être au Mans c'est une expérience tellement cool".
Le pilote autrichien s'élancera samedi pour son cinquième "Le Mans" - son deuxième dans la catégorie reine des Hypercars.
"Tout ça vient du fait que, quand j'étais enfant, je ne savais pas rester en place", raconte-t-il dans un entretien à l'AFP. "C'était une torture pour moi!"
Enfant curieux et touche-à-tout, l'héritier présomptif de la maison de Habsburg-Lothringen (Habsbourg-Lorraine en français), qui a grandi très loin de l'univers du sport auto, s'essaye à la musique, au foot, à l'escrime, à l'équitation... jusqu'au karting, qu'il découvre aux portes de l'adolescence. "Là, je me suis dit +Ok, j'abandonne tout pour ça+".
- "Pas assez de succès pour la F1" -
Le natif de Salzbourg (Autriche) séduit par son style simple et décontracté, loin du faste de son rang.
"Il est celui qui met toujours de l'ambiance, peu importe la situation", raconte à l'AFP son équipier sur l'Alpine N.35, Charles Milesi.
"Il est assez solaire", enchaîne son autre coéquipier Paul-Loup Chatin. "Il a une capacité de concentration très importante mais aussi de prendre du recul et décompresser".
Ferdinand Habsburg prend du plaisir, et cela se voit: "Mes parents m'ont appris une chose: si tu aimes quelque chose, vas-y".
Et ce, qu'importent les résultats: "Je n'y connaissais rien au début, mais soudain, j'ai remporté le championnat autrichien de karting - c'était une surprise pour tout le monde, y compris pour moi!".
Le jeune garçon trace son chemin dans les formules de promotion, avec des rêves de Formule 1 en tête, et accède à la Formule 3 en 2017: "Il s'avère que j'étais déjà trop âgé et pas assez performant pour la F1", admet-il avec bonhomie.
Exit donc la monoplace, le jeune homme rejoint en 2019 le championnat allemand de voiture de tourisme (DTM) sans faire d'étincelles puis, en 2021, le championnat du monde d'endurance pour ses premières 24 Heures du Mans, où il termine 1er de sa catégorie.
- Chauffeur de bus engagé -
Si le pilote a toujours pu compter sur le soutien de sa famille - son père Karl von Habsburg-Lothringen viendra ce week-end pour la première fois voir son fils piloter au Mans -, ce choix de vie a tout de même été "une surprise pour beaucoup, car je vais devenir le chef de la maison Habsbourg (Habsburg en allemand, NDLR)".
"Avec ce titre, si un membre de notre famille veut se marier, il doit demander la permission à mon père aujourd'hui", raconte-t-il, "j'hériterai de ce rôle et le fait que je sois pilote de course et non quelque chose d'un peu plus séri... différent peut choquer".
Avec un tel patronyme, le public se pose légitimement la question du soutien financier que demande un sport aussi coûteux que le sien.
"Beaucoup oublient qu'après la Première Guerre mondiale, lorsque mon arrière-grand-père était en exil, il est reparti de zéro (ses biens ont été confisqués, NDLR)", rappelle Ferdinand Habsburg. "J'ai eu la chance que la famille de ma mère soit aisée".
Hors des circuits, ce fan de surf et de voyages, fervent catholique, a récemment passé son permis bus pour, explique-t-il, accompagner avec ses amis des jeunes en voyage "comme les scouts", et ainsi réduire les frais.
"Ce projet s'articule autour de la foi, l'idée est de rassembler des garçons de tous horizons pour leur montrer des modèles de vie".
Preuve de son engagement, l'Autrichien défend ce week-end une association qui lutte contre la faim - chaque tour effectué "permettra de nourrir un enfant pendant un an".
Et s'il gagne son premier "Le Mans" ? "Mes gains seront reversés à l'association, car j'ai déjà tout ce dont je peux rêver".
R.Zakrzewski--GL