
Tour de France: à Rouen, Pogacar atteint le mur du cent

Aussi précoce que supersonique, Tadej Pogacar a signé la 100e victoire de sa carrière, sa 18e sur le Tour de France, en remportant la 4e étape, mardi à Rouen, devant Mathieu van der Poel, qui reste en jaune mais dans le même temps que le Slovène.
Pour immortaliser ce petit moment d'histoire, accompli à seulement 26 ans, "Pogi" ne pouvait pas rêver meilleure photo que celle prise au moment où il franchissait la ligne en vainqueur, dans un cri de fauve libérateur.
A sa droite, sprinte son grand rival des classiques Mathieu van der Poel, deuxième de l'étape avec le maillot jaune sur ses larges épaules. A sa gauche, Jonas Vingegaard, son principal contradicteur sur la Grande Boucle, s'en va conquérir la troisième place.
Et, au milieu, exulte le Slovène, les deux poings brandis, avec le maillot de champion du monde sur le dos...
"Gagner sur le Tour de France est incroyable, encore plus avec ce maillot. Arriver à cent victoires, c'est juste fabuleux", a réagi le leader d'UAE, qui est allé "à la limite" pour étendre son record de victoires pour un coureur en activité.
Pogacar dit souvent préférer l'intensité des courses d'un jour à la longueur parfois monotone des grands Tours. Mardi, il a eu droit au meilleur des deux mondes lors d'un final électrique, couru comme une classique au milieu des habitations, avec les meilleurs à l'avant, dans les raides montées de Rouen.
"Il y avait beaucoup d'adrénaline, c'était de la course à l'état pur, j'adore ça."
- Vingegaard dans le match -
Et il a été obligé de s'employer pour gagner encore, à peine six ans après les premiers frissons, en février 2019, sur le Tour d'Algarve.
Après un gros travail de son équipe, le patron d'UAE a attaqué à cinq bornes de l'arrivée dans les pourcentages les plus sévères - jusqu'à 15% - de la rampe de Saint-Hilaire, qu'il a avalée presque entièrement en danseuse, contrairement à son habitude.
Derrière, les dégâts ont été immédiats. "Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise sur Pogacar? Vous êtes marrant, je ne l'ai pas vu, j'étais derrière moi...", expliquera Kevin Vauquelin qui a tout de même réussi à revenir dans le final pour finir à la 10e place à dix secondes du vainqueur et conserver ainsi son maillot blanc de meilleur jeune.
Seul Jonas Vingegaard a réussi à suivre et on a retrouvé la scène vue et revue depuis cinq ans des deux meilleurs coureurs du Tour. Mais ils ont temporisé dans la descente vers le centre-ville de Rouen ce qui a permis à un petit groupe de revenir. Parmi eux Remco Evenepoel, Matteo Jorgenson, Romain Grégoire, encore au rendez-vous, Oscar Onley et Joao Almeida, le lieutenant de Pogacar qui l'a ensuite parfaitement emmené jusqu'à la ligne.
"Merci mec", a lancé Pogacar au Portugais.
- Le chrono, "vrai test" -
Quelques minutes plus tard, le champion du monde, qui avait retrouvé tous ses esprits, discutait déjà, dans la zone protocolaire, des mesures de sa combinaison mercredi pour le contre-la-montre à Caen (33 km).
Car, malgré tous ses efforts et ceux de son coéquipier Tim Wellens, il a retrouvé le maillot à pois de meilleur grimpeur et le portera lors du chrono. Dans un sport millimétré où le moindre détail compte, c'est souvent considéré comme un désavantage par les coureurs qui préfèrent porter la tunique sur mesure de leur équipe à celle fournie par l'organisation.
"Demain sera le vrai test", s'est contenté de souligner l'ogre de Komenda qui a promis d'y aller "à fond les ballons du début à la fin", tout en collant l'étiquette de grand favori à Remco Evenepoel.
"C'est le meilleur spécialiste du monde. Oui, je pense qu'il peut prendre le maillot jaune", a-il estimé alors que le Belge présente tout de même un rebours de 58 secondes sur Pogacar, et Van der Poel.
Jonas Vingegaard, troisième à huit secondes, peut lui aussi briguer le maillot jaune si on se fie à son chrono au récent Dauphiné, remporté par Evenepoel mais lors duquel le Danois avait assez nettement dominé Pogacar.
Ce dernier assurait que sa victoire mardi suffisait à son bonheur, pour l'instant. C'est déjà sa 18e sur le Tour, à une distance respectable du record du néo-retraité Mark Cavendish (35).
Mais, au rythme où va le Slovène, beaucoup commenceraient à s'inquiéter à la place de l'ex sprinteur britannique.
L.Sobczak--GL