
Euro-2025: Aitana Bonmati, à point nommé

Il y a encore quatre semaines, Aitana Bonmati était hospitalisée pour une méningite virale et incertaine pour l'Euro. Mais mercredi, la double Ballon d'Or a porté de tout son talent l'Espagne vers sa première finale européenne.
"On pourrait écrire un livre", répond l'Espagnole en catalan lorsqu'on lui demande de décrire le tourbillon d'émotions vécues depuis un mois. Mais "je ne crois pas au destin, je crois au travail et à ma mentalité. Je remercie tous ceux qui m'ont soutenue, car cela n'a pas été facile", ajoute-t-elle.
Le 27 juin, après la victoire 3-1 contre le Japon lors du seul match amical avant l'Euro, la fédération espagnole annonçait que Bonmati souffrait d'une méningite virale, et dans la foulée la joueuse publiait sur les réseaux sociaux une photo d'elle sur un lit d'hôpital, le bras sous perfusion.
La course contre la montre était lancée, tant la milieu de terrain paraissait incertaine pour l'Euro en Suisse. Mais trois jours après cette photo, elle a rejoint le groupe à Lausanne, pleine d'envie.
"Nous devons la freiner, si cela ne tenait qu'à elle, elle jouerait tout le match", avait déclaré la sélectionneuse Montse Tome après le premier match contre le Portugal (5-0) à Berne où elle est entrée une dizaine de minutes. Ensuite, elle a joué une mi-temps contre la Belgique (6-2) et était titulaire contre l'Italie (3-1) lors du dernier match de groupe, avant d'avoir une semaine pour se mettre dans les meilleures conditions pour le quart de finale face à la Suisse.
La meneuse de jeu, souvent comparée à Iniesta pour sa finesse tactique, est revenue éclairer le jeu espagnol au meilleur moment après être montée en puissance.
Mercredi en demi-finale face à l'Allemagne (1-0, a-p), qui a laissé peu d'espaces comme contre la France, celle qui a explosé au grand jour avec le Barça en 2021 a été essentielle pour travailler dans les petits espaces grâce à sa technique et sa vista.
Et son but, malgré 113 minutes jouées, résume tout son talent: son contrôle intelligent et son sprint de 15 mètres lui ont permis de prendre de vitesse deux défenseuses allemandes avant d'ajuster parfaitement la gardienne Ann-Katrin Berger, jusque-là impeccable, mais qui protégeait mal son premier poteau (1-0, 113e) et qui a cru à un centre de la milieu de terrain ambidextre de 27 ans.
La prise d'information, rapide et efficace, de la Catalane est souvent louée par les observateurs et s'est vue de nouveau sur son premier but de l'Euro, après avoir eu le temps de lever la tête deux fois pour analyser ce qu'il se passait devant la cage.
- "Comme une folle" -
"Nous avions étudié Berger (ndlr: la gardienne allemande), qui effectuait certains mouvements et laissait parfois des espaces au premier poteau, je ne voulais pas aller aux tirs au but", a expliqué la N.6, servie par Athenea del Castillo après avoir demandé le ballon.
Il a fallu son coup de génie et tout son instinct pour sortir les Espagnoles du piège des Allemandes, qui étaient rentrées dans leur tête et voulaient aller à la séance de tirs aux buts, domaine où elles excellent.
"Quand le ballon est entré, j'ai commencé à courir comme une folle. Ce but appartient à toutes, quoi de mieux que de le partager avec le groupe, c'est très beau et très sain. Marquer dans ce genre de match est vraiment spécial", a réagi la footballeuse de 27 ans, devant la presse avec son trophée de "joueuse du match", cinq jours après avoir également reçu cette distinction contre la Suisse (2-0) en quart de finale.
Son match a nettement contrasté avec celui d'Alexia Putellas, l'autre double lauréate espagnole du Ballon d'or (2021 et 2022), jusque-là impressionnante en Suisse mais qui s'est complètement effacée contre les Allemandes.
Les deux Barcelonaises ont d'ailleurs très peu combiné ensemble, même si sur le but de la N.6, Putellas a explosé de joie à ses côtés. Si les deux meilleures joueuses du monde sont à leur meilleur niveau dimanche à Bâle, pas grand chose ne pourra arrêter les Espagnoles sur le chemin de leur premier titre européen et du doublé Coupe du monde 2023 - Euro 2025.
L.Zielinski--GL