Gazeta Lodz - Cyclisme: Seixas et les classiques

Il fallait s'y attendre: la présentation de la saison 2026 de la formation française jeudi matin au "Decathlon Campus" de Villeneuve d'Ascq a rapidement tourné au "Paul Seixas show", déjà au centre de toutes les attentions, à seulement 19 ans.

Dernier coureur à être présenté au public - quelques dizaines d'invités - la pépite de Lyon a ensuite vu une nuée de médias, dont beaucoup venus de la Belgique voisine, fondre sur lui pour recueillir ses impressions et tenter – en vain – de lui arracher une confirmation sur sa première participation au Tour de France en juillet prochain.

"Je mets vraiment ça de côté pour l'instant. Ce sera toujours compliqué de faire le choix. Ca se fera avec l'équipe. Et ça dépendra aussi de mon niveau", a-t-il déclaré, stoïque.

Pour anticiper les questionnements fébriles, son équipe avait publié dès la semaine dernière son programme pour le premier semestre, du Tour de l'Algarve (18-22 février) à Liège-Bastogne-Liège (26 avril), le Monument belge à l'issue duquel la décision sera prise.

- Anglais, première langue -

Les attentes sont considérables autour du phénomène, espéré comme le successeur de Bernard Hinault dans un pays sevré de victoire dans le Tour de France depuis 1985 et qui porte le projet d'une équipe de plus en plus ambitieuse, avec un budget proche des 45 millions d'euros dès 2026.

"Ca ne me dérange pas trop qu'il y ait du monde autour de moi, je supporte bien la pression", a assuré Seixas qui aura pour premier objectif en 2026 de "lever les bras" pour la première fois en professionnel.

Mais Decathlon CMA CGM veut aussi batailler sur un deuxième front, celui des sprints et des classiques flandriennes, avec l'idée de remporter "le plus rapidement possible un Monument, viser le Top 5 sur Paris-Roubaix dès 2026 et conquérir le maillot vert du Tour de France", comme l'a annoncé le directeur général Dominique Serieys.

Pour cela, l'équipe a recruté du lourd avec l'expérimenté "classicman" belge Tiesj Benoot, le sprinteur néerlandais Olav Kooij, dix victoires en 2025 avec Visma-Lease a bike, le bolide danois Tobias Lund Andresen et des armoires à glace comme Cees Bol, Robbe Ghys, ou Dan Hoole.

En y ajoutant les grimpeurs américain Matthew Riccitello et autrichien Gregor Mühlberger, Decathlon CMA CGM, où l'anglais est devenu première langue, a recruté au total huit coureurs, tous étrangers, tout comme les deux nouveaux directeurs sportifs Mark Renshaw et Heinrich Haussler.

- "Une nouvelle ère" -

Dans l'autre sens, les départs de piliers en majorité français comme Benoît Cosnefroy (UAE), Bruno Armirail (Visma), Clément Berthet et Bastien Tronchon (Groupama-FDJ) ou le champion national Dorion Godon (Ineos) dessinent une tendance nette: Decathlon CMA CGM se définit de plus en plus comme une "équipe internationale basée dans les Alpes françaises", son centre névralgique restant ancré à La Motte-Servolex, près de Chambéry, même si les deux partenaires titres ont leur siège respectivement à Villeneuve d'Ascq et à Marseille.

Après la présentation jeudi matin, tenue entièrement en anglais à l'aide d'un prompteur pour la plupart des orateurs, les coureurs ont d'ailleurs filé à l'aéroport pour rallier la cité phocéenne.

Un événement était prévu dans l'après-midi dans les locaux de l'armateur dont l'arrivée renforce une équipe avec des moyens qui ne sont plus si éloignés d'armadas comme UAE, Visma, Ineos ou Red Bull.

"Après deux ans de construction et de consolidation, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre. Nos ambitions sont élevées. L'équipe veut s'établir durablement dans le Top 5 mondial et courir à l'avant sur tous les terrains", a insisté Dominique Serieys.

Pour Aurélien Paret-Peintre, ancien de la maison et qui se reconnaît "un peu comme le dernier des Gaulois", le constat est limpide: "Avant on était un peu les intrus parce qu'on était encore une équipe familiale. Là on s'internationalise fortement. On a clairement changé de dimension."

V.Lipinski--GL