Sheila: "Dans ma tête, j'ai 20 ans et des projets à la pelle !"
A l'occasion d'une tournée anniversaire, Sheila fait escale mardi au Dôme de Paris pour célébrer plus de six décennies de carrière marquée par 28 albums studio, une longévité record pour cette figure des yéyé à "l'énergie de fou".
Avec 85 millions d'exemplaires vendus, selon la production, la chanteuse de 80 ans révolus, confie à l'AFP avoir banni de son vocabulaire le mot "retraite" et toujours fourmiller d'idées.
REPONSE: "L'inconscience de la jeunesse! C'était du bricolage quelque part, mais il y avait une âme et beaucoup d'énergie. Je suis fière de mon parcours. On m'a mis tellement de bâtons dans les roues... Ma plus belle victoire, c'est le partage que j'ai avec les gens. J'ai quatre générations dans mes concerts. C'est la plus belle des récompenses. Cela fait d'autant plus plaisir après avoir été si décriée, accusée d'être une chanteuse de playback... Voir depuis la scène des gens avec le sourire et des yeux qui brillent, c'est tout ce qui compte. On m'invite même maintenant dans les festivals de jazz comme celui de l'Île de Ré cet été."
R: "J'ai horreur de la routine. J'aime me remettre en question tout le temps, changer d'auteurs, de compositeurs... Depuis 2017, je travaille en studio et sur scène avec le groupe H-Tag et Eric Azhar qui font du rock à la base. Ils m'ont amené un coup de jeune !"
R: "On ne peut pas chanter ça quand on a 20 ans... Pour Simone Veil, je voulais lui rendre hommage. On oublie parfois que c'est elle qui a été la pionnière en apportant aux femmes la liberté de disposer de leur corps (avec la loi sur l'interruption volontaire de grossesse en 1975, NDLR). La société a tellement évolué et c'est très bien. Je regrette toutefois que cette époque nous avale un peu. On se parle moins. On s'envoie des mails auxquels on ne répond pas. Pour moi, la vie est un partage. Aujourd'hui, on perd notre imaginaire à cause des écrans."
R: "Un immense honneur ! Cette chanson, c'est d'abord celle de mon amitié avec Nile Rodgers (co-auteur du titre avec Bernard Edwards, fondateurs du groupe américain Chic, NDLR). Nile, c'est mon âme-sœur. +Spacer+ nous a échappé à tous les deux et nous survivra. On ne sait pas pourquoi... C'était très avant-gardiste. C'est invraisemblable le succès encore aujourd'hui."
R: "C'est un mot qui est banni de mon vocabulaire. Je reconnais aussi que j'ai de la chance: je n'ai pas l'impression de travailler. Dans ma tête, j'ai 20 ans. Je fais du sport plusieurs fois par semaine. Quand la santé est là, il n'y a pas d'âge. Les interdits, on se les donne soi-même. J'ai la chance d'avoir une énergie de fou, toujours des idées et des projets à la pelle."
R: "Respecte les gens pour qui tu chantes, apprends tes chansons ! Quand je vois des jeunes avec des prompteurs, ce n'est pas possible. Mais surtout, face au succès, il ne faut jamais oublier d'où l'on vient. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui ne m'ont jamais laissée m'envoler, alors que ça pouvait m'arriver. Ils me disaient alors: A la maison, tu es Annie et pas Sheila, tu vas redescendre. Il ne faut pas vivre de flatterie, il faut vivre les pieds dans la terre, comme une petite fille de Français moyen. Et je suis toujours fière de l'être."
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P.Majewski--GL